Les heures souterraines de Delphine de Vigan
Depuis 6 mois, Mathilde répète les mêmes gestes, reprend le même fil qui n'a plus aucun sens. S'occuper de ses enfants, faire bonne figure. Prendre le métro, arriver à son bureau, et attendre. Simplement.
De son côté, Thibault a quitté sa campagne pour rejoindre les lumières de la capitale. Médecin, il navigue d'un bout à l'autre de la ville, attentif à la moindre alerte de son bipper SOS médecin. Il navigue et se perd.
Deux personnages qui sont d'emblée attachants, émouvants. Mathilde est brisée par le monde froid de l'entreprise, chaque jour ses responsabilités sont diminuées, chaque jour jusqu'à ce qu'un matin, son bureau soit presque vide, qu'elle soit reléguée à un placard à côté des toilettes et de la photocopieuse. Dès le début du roman l'attente commence. Une voyante a prédit à Mathilde que sa vie changerait le 20 mai. Et le roman s'élance. Mathilde si fragile, harcelée par son supérieur, Thibault qui se noie dans le travail pour oublier ses désillusions...
On attends, et rien ne vient. Une amère déception pour une si belle écriture, une attente bien vaine en vérité. Vont-ils se rencontrer? Mathilde va-t-elle craquer? Devenir forte et rabattre le caquet de ce petit chef débordant de haine?
J'ai attendu, j'ai frémi et rien n'en est sorti. Que du gris, de la détresse, et de la solitude. Des corps qui se heurtent sans jamais se croiser dans Ses heures souterraines. Certes ce roman met en scène ce qui n'est presque jamais dit par la littérature: le monde du travail qui broie insidieusement les êtres, et s'en sort malgré tout, propre et sans reproche.
Mais il en faudrait plus. Surtout de la part de cette auteur...
Clarabel a un ressenti similaire, mais Vanessa décortique et apprécie vraiment ce roman.
Les heures souterraines de Delphine de Vigan, JC Lattès, 2009