Les visages de Jesse Kellerman

Choisi un peu au hasard, ce premier roman de Jesse Kellerman (qui est bien le fils de Jonathan Kellerman) m'a littéralement envoûté. C'est très bon et ce n'est que le début...
Ethan Muller est un jeune galériste aux dents longues et imbu de lui-même. Fils de bonne famille, bourreau des coeurs, il a tout pour déplaire au premier abord. Surtout qu'Ethan est le narrateur principal de ce roman et que ça commence plutôt mal puisque le roman débute avec un assez long monologue de ce jeune con qui nous raconte sa petite vie de pauvre garçon riche et carriériste... Sauf, car il y a bien sûr un sauf, que là où les auteurs français utilisant le même procédé me donnent juste envie de partir en courant, Kellerman, lui réussi le tour de force de me donner envie de continuer!
Un jour, Ethan reçoit un appel de Tony l'homme de main de son père (qui fait aussi office de lien entre eux puisque père et fils ne se parlent plus depuis belle lurette). Des dizaines de cartons de dessins ont été découvert dans un appartement dont la famille est propriétaire. Le locataire s'est envolé sans laisser de traces, mais ses dessins ont un quelque chose... Sur les lieux, Ethan, bien que plus intéressé par le fric que par l'art, est secoué par ce qu'il voit: comment de tels chefs d'oeuvres ont-ils pu rester dans des cartons??!! Ou plutôt comment un tel chef d'oeuvre.. Car les milliers de dessins ne forment en fait qu'une seule et même oeuvre, une fresque halluciné et fascinante. Sans s'embarrasser des détails, Ethan déprogramme toutes les expos de sa galerie pour dévoiler à tous ces dessins, à la fois oeuvre d'un fou et d'un enfant. Des dessins qui enflamment aussitôt le monde de l'art et de la critique. Des dessins qui réveillent des souvenirs enfouis chez un vieil homme, flic à la retraite. Car comme Ethan l'apprend bientôt, certains des visages dessinés ressemblent à s'y méprendre à ceux d'enfants sauvagement assassinés bien des années auparavant...
Et comme ce vieux flic qui ne peut pas lâcher ces meurtres horribles, on ne peut pas lâcher ce bouquin. Ça crépite dans tous les sens, la tension laisse les mains poisseuses, et les retours en arrière, bref interludes historiques, qui nous mènent on ne sait pas vraiment où, sont passionnants.
Bon, j'ai certes deviné la fin un peu avant la fin, mais je n'ai pas pu, une seule seconde lâcher ce premier roman, l'angoisse monte très vite et ne s'effiloche pas, ou très peu.
Et si j'ai une seule remarque à faire, c'est que Sonatine devrait arrêter de mettre des commentaires d'auteurs connus - et quels commentaires, très utiles- sur leurs livres, leurs auteurs s'en sortent très bien tout seul et les choix éditoriaux de la maison ont de moins en moins à prouver... Alors haut les coeurs!

Les avis d'Ys et de Cuné. Le coup de coeur de Valérie!
Les visages de Jesse Kellerman, Sonatine, 2009