Fables amères (De tout petit riens) de Chabouté
Encore une fois, Chabouté m'émeut. Fables amères (sous titré De tout petits riens) n'est pas de ces albums au texte dense et prenant, car l'auteur ne semble n'avoir ni le besoin ni l'envie de s'épancher verbalement quand ses dessins disent plus que les mots.
Petites incursions dans la vie des gens ordinaires, Fables amères pourrait avoir ce goût de nouvelles, de tableaux quotidiens avec lesquelles je n'accroche pas souvent, trop prise par la rapidité du mouvement, la soudainété, le décrochement. Mais j'ai plus ressenti l'effet frise de la vie et de la cruauté contemporaine (et urbaine), des instantanés de vies juxtaposés qui s'enchaînent sans à-coup, de manière extraordinairement fluide, tant est si bien qu'on ne se rend pas compte de ces glissements de sujets.
Quant à résumer cette bande dessinée, je serais bien en peine, et elle ne le mérite pas, car les personnages de Chabouté sont ceux qu'on croise dans la rue, sans y faire bien attention, ceux dont on entend parler aux infos sans bien écouter. Ce sont eux qui parlent le mieux d'eux-mêmes, eux et leurs regards, leurs gestuelles, si bien croqués par l'auteur.
Un bref aller qui amène à s'interroger sans retour sur nos manières d'être et d'agir dans la société, et bien entendu, sur la société, la solitude, l'égarement des hommes...
Un coup au coeur, une petite claque qui laisse un goût amer et pourtant si agréable.
Fables amères - De tout petits riens de Christophe Chabouté, Vents d'Ouest, 2010