Manituana de Wu Ming

8 septembre 1755. Nouveau monde. La guerre franco-anglaise fait rage. Rassemblés sous l'égide de Sir William Johnson, commissaire des affaires indiennes, les peuples de la longue maison se battent pour l'empire britannique.
A la mort de ce chef charismatique, en 1774, les relations des indiens avec les colons ne font que se dégrader: vol de bétail, de terres, insultes. Les nations iroquoises, partagées entre le souvenir de Sir William, la terre de leurs ancêtres et leur serment d'allégeance au Père anglais, décident d'envoyer des émissaires à Londres. Joseph Brant dit Thayendanega, Peter son neveu qui est aussi le fils de Sir William et de Molly dont les songes révèlent l'avenir, Philip Lacroix dit Ronaterihonte le guerrier de légende amateur de Shakespeare et Guy Johnson, gendre de William et nouveau commissaire des affaires indiennes, sont du voyage. A travers leur regard et leur épopée, c'est l'avenir de la nation indienne et des soubresauts de l'histoire qui se jouent.
"Tandis qu'il assistait à la progression du cortège, Philip eut une vision: Londres étendue au monde entier. Unique énorme excroissance, faite d'immeubles et de tours dressés, des habitats délabrés, des esplanades théâtrales, des fontaines et des jardins, un dédale de ruelles où le soleil n'arrivait jamais. Un monde bâti, mis au travail, pavé, dallé, étayé; un monde en construction, stratifié, ruineux, marcescent; un monde de lumières artificielles et de beaucoup de ténèbres, salut d'un petit nombre et condamnation pour la majorité: la noble ville de Londres et de Westminster." (p274)
Pourtant, comment arrêter l'histoire en marche? Comment enrayer la soif d'indépendance des colons? Comment conserver ses rêves et l'essence même des peuples indiens quand le frère se dresse contre le frère?
"Les silhouettes devinrent vagues, jusqu'à disparaître derrière le rideau de pluie." (dernière phrase)

Manituana de Wu Ming, Métailié, 20 août 2009.
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