Sukkwan Island de David Vann

Je referme tout juste le livre. Un grand malaise m'envahit, je ne sais pas ce que j'ai lu, je suis juste engourdie. Trop de sensations contradictoires. Quelle histoire? Quelle vérité? C'est à croire que l'Alaska s'est invité dans mon salon...
Sukkwan Island c'est l'île sur laquelle Roy, 13 ans, et son père vont passer une année. Le projet fou d'un père en manque de sensations et d'équilibre, que le fils a accepté plus pour plaire à ce père qu'il sent très borderline que par véritable envie. Très vite, Roy s'aperçoit que son père n'a pas vraiment prévu ce qui devait être fait, ce qui était nécessaire, et que le moindre projet repose aussi sur ses épaules. Alors forcément, rien ne se passe comme il faudrait, tout part en vrille.
Sukkwan Island m'a perturbé, on sait dès le début que la relation père-fils-Alaska va mal, très mal tourner mais tout de même! Les choix narratifs n'arrangent rien à ce malaise car pendant la première partie c'est Roy qui est le narrateur de ce périple, et le père n'est que le père, il n'a ni nom, ni identité. Roy qui est d'emblée émouvant, à qui on s'attache éperduement, et le père qui devient à chaque page de plus en plus énervant. Roy qui voit avec des yeux de presqu'adulte, ce que son amour d'enfant ne peut comprendre, son père a plus besoin de lui que l'inverse.
Je n'arrive pas à savoir si ce roman m'a plu, il m'a touché, perturbé, mais m'a-t-il plu? Je ne sais pas. Surement que non. Ou alors m'a-t-il parlé de ce dont je n'avais pas envie. Mais je n'ai pas pu le lâcher, il me fallait arriver au bout, boucler la boucle. Et ça c'est une vraie réussite.
Les avis de Sylire, Velvet, Benémou, Papillon, Cuné, Choco, Ys...
Sukkwan Island de David Vann, Gallmeister/Nature Writing, Janvier 2010