Infrarouge de Nancy Huston
A l'occasion des 70 ans de son père, Rena l'invite aisni que sa belle-mère à traverser l'Atlantique et à visiter la Toscane. Mais après tant d'années de vie commune, la relation de couple s'est un peu ternie, et son père, jadis plein de vie et de curiosité, apparaît à Rena comme vide.
Elle, Rena, est une photographe fascinée par le corps des hommes, par la chaleur qui se dégage de leur corps après l'amour... en Infrarouge. Fascinée par les hommes, dont Aziz, son amant parisien qui, alors qu'elle joue la touriste en Italie, voit la violence monter dans les banlieues (nous sommes en septembre 2005, ce que les médias étrangers ont qualifié de guerre civile en France si ma mémoire est bonne...).
Infrarouge est très étrange... certes on retrouve un des thèmes récurrents de Nancy Huston (l'abandon et la trahison de la mère) mais le style et l'histoire n'ont pas grand chose à voir avec ses autres romans. Déjà Infrarouge baigne dans un érotisme latent qui imprègne tout (j'aime assez) et qui n'est pas toujours de bon goût (là déjà, j'aime beaucoup moins..), mais le plus dérangeant n'est pas là. Ce qui est véritabement perturbant c'est l'espèce de schizophrénie de Rena, qui parle avec son double (?), son amie (?), son juge (?), Subra. Ce double mental m'est apparu comme une facilité de l'auteur pour raconter Rena, sa vie, celle de sa famille et de ses amours, mais aussi les femmes en général brimées par les hommes (et à certains passages, le féminisme m'a semblé un peu radical, même à moi!).
Pourtant ce roman avait tout pour être agréable et l'est même à de très nombreux moments, mais cette Subra gâche un peu tout, je ne sais pas vraiment ce qu'elle fait là. Et puis, la fin... C'est un peu comme une queue de poisson, un tour qui frise la facilité...
Ah la la... Nancy! Que fais-tu?!!
L'avis de Canel...
Infrarouge de Nancy Huston, Actes Sud, 2010