Le coeur en dehors de Samuel Benchetrit

 

Charlie a 10 ans, il est né en France et d'origine malienne. Il vit dans une banlieue pareille à mille autre. La tête dans la lune, Charlie n'en a pas pour autant les pieds sur la terre. Intelligent, vif, on le sent dès le début, ce gamin est diablement attachant. Mais très vite, tout se précipite. Un matin comme tant d'autres, il part à l'école. Mais voilà, un oubli et il remonte à pieds les 7 ou 11 étages de sa tour. Mais voilà, ce matin n'est pas comme tout les autres. La police est là, embarque sa mère, une sans papier, qui feint de ne pas le voir.
Alors toute la journée, Charlie court, il court après son frère Henry, un jeune drogué. Il court après Mélanie, son amoureuse. Il court devant les fantômes qui errent dans le centre commercial laissé à l'abandon.

Un bon début, des belles idées qui trouvent un écho particulier dans le climat de suspicion actuel. Un procédé qui ne laisse pas de place au hasard, les chapitres s'égrènent d'heures en heures, Charlie est le narrateur de sa fuite en avant. Et pourtant, Le coeur en dehors est trop consensuel, trop convenu, trop plein de bons sentiments propres à faire pleurer dans les chaumières. Certes son histoire est tragique, honteusement commune et pourtant ignoré, mais Benchetrit en fait trop. La banlieue n'est pas rose, le ministère de l'immigration (ou quelque soit son nom honteux) ne fait pas dans la dentelle. Mais tout de même, on le sent trop loin de son sujet, de ce gosse rêveur mais trop gentil, de cette banlieue qui fait la gueule et qui s'effrite.
C'est beau, ça dit ce qui n'est pas toujours dit, cette négation des familles, ce déchirement du coeur. Mais voilà, rien de plus.